
La Presse canadienne
Publié le 22 septembre à 16 h 57 UTC+1
Des assureurs et des politiciens municipaux disent que le temps est venu d’avoir un débat sur l’avenir des appartements au sous-sol à cause du plus grand nombre d’épisodes de pluie torrentielle.
Un porte-parole du Bureau d’assurance du Canada (BAC) indique que les inondations des appartements au sous-sol ont causé certaines années des dommages totalisant des centaines de millions, si ce n’est des milliards de dollars. Les compagnies hésitent de plus en plus à couvrir les habitants de secteurs considérés à risque.
L’organisation a décrit le passage de la queue de l’ouragan Debby, les 9 et 10 août, comme l’événement climatique le plus coûteux de l’histoire du Québec, surpassant même la tempête de verglas de 1998. Les nombreuses inondations ont causé près de 2,5 milliards de dollars de dommages assurés, peut-on lire dans un communiqué du BAC publié au début de la semaine.
Craig Stewart, vice-président, Changements climatiques et questions fédérales au BAC, dit que les inondations étant devenues dangereuses et coûteuses, il faudrait désormais se montrer prudent avant de désigner des secteurs où les gens pourront vivre dans un sous-sol.
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Bien des sous-sols ont été inondés par la tempête Debby.
Une grande partie des 75 000 réclamations d’assurance à la suite de la tempête Debby étaient attribuables aux inondations dans un sous-sol, indique-t-il.
Il est juste de dire que les inondations dans les sous-sols ont coûté certaines années des centaines de millions de dollars, et même des milliards de dollars au Canada.
Une citation de Craig Stewart, vice-président, Changements climatiques et questions fédérales au BAC
Une inondation, qu’elle soit causée par la pluie, la crue d’une rivière ou un refoulement d’égout, peut être dangereuse, car elle risque d’endommager les structures d’un immeuble, de détruire des planchers et des cloisons, sans oublier la moisissure qu’elle peut causer.
Certaines compagnies d’assurance ont commencé à prendre des mesures pour se protéger financièrement contre ce fléau, mentionne M. Stewart. Elles imposent des limites aux montants assurés, augmentent le prix des polices pour les secteurs considérés à risque et refusent d’assurer un appartement.
Ces situations sont de moins en moins assurables, souligne-t-il. Examiner attentivement les endroits où on pourra permettre aux gens d’y vivre sera prudent.
Au cours d’une récente réunion du conseil municipal de Montréal, Maja Vodanovic, la responsable de la concertation des arrondissements et de l’eau au sein du comité exécutif, a prévenu les citoyens qu’ils ne seront peut-être plus capables de vivre dans un sous-sol à l’avenir.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, dit qu’il n’existe pas de solution miracle pour empêcher les inondations dans certains secteurs. Elle ajoute que les règlements limitant le nombre de logements au sous-sol ne seraient appliqués que dans des immeubles qui seront bâtis dans certains endroits.
D’autres pistes de solution
Selon Joanna Eyquem, directrice générale du Centre d’adaptation aux changements climatiques de l’Université de Waterloo, plusieurs mesures peuvent être adoptées par les autorités pour réduire les risques d’inondation. Elle mentionne notamment la mise à jour des systèmes d’égout, la construction de bassins de rétention et la collaboration avec les propriétaires pour s’assurer que leur système de drainage est assez puissant.
Une autre solution consiste à travailler avec la nature en créant des espaces pour absorber l’eau pour qu’il y en ait moins dans les égouts, comme Montréal le fait avec ses parcs éponges, ajoute Mme Eyquem.
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La place des Fleurs-de-Macadam, en bordure de l’avenue du Mont-Royal, est l’un des premiers parcs montréalais conçu pour recueillir l’eau de pluie qui provient des rues environnantes.
Toutefois, il serait normal pour elle que des résidents vivant dans des endroits souvent inondés, soit parce qu’ils sont de faible élévation ou se trouvent sur l’ancien lit d’une rivière enfouie, pensent à aller vivre ailleurs.
Mme Vodanovic dit que la Ville de Montréal est en train de rénover ses égouts. Les travaux pourraient toutefois s’étendre sur une période de 10 à 20 ans.
Mais cela n’empêchera pas les inondations si on reçoit 150 mm de pluie en une seule journée.
Une citation deJoanna Eyquem, directrice générale du Centre d’adaptation aux changements climatiques de l’Université de Waterloo
Gonzalo Lizarralde, un professeur de l’Université de Montréal, dit qu’il est théoriquement possible de construire des sous-sols étanches et un massif système d’égout qui pourrait réduire de manière significative les risques d’inondation. Il reconnaît que le coût de ces infrastructures peut représenter un obstacle majeur à leur réalisation.
Tout est possible, dit-il. Le problème, c’est comment y parvenir avec des ressources limitées et les véritables conditions dans lesquelles nous vivons.